Hockey sur glace : le président des Dragons fait le point
Alors que le Rouen Hockey Elite dessine tout doucement son nouveau visage pour la saison 2014-2015, Thierry Chaix, son président, fait le point sur la situation sportive et extrasportive des Dragons.
Pas franchement du genre à parader lors des - nombreux - succès de ses Dragons, Thierry Chaix n’a pas plus occupé l’espace médiatique cette année après leur élimination en demi-finale de la Ligue Magnus. En chef d’entreprise accompli, il a préféré prendre le temps de l’analyse et se lancer immédiatement dans la préparation du prochain exercice. Un peu plus de deux mois après la fin de saison, le président du Rouen Hockey Elite fait le point sur la situation du club.
Avec le recul, considérez-vous la saison 2013-2014 comme ratée ?
Thierry Chaix : « Très sincèrement, je pense qu’on aurait pu faire mieux. On avait l’équipe pour gagner. Le sport n’est pas une science exacte mais je pense qu’on était capable d’aller au bout. On a bien géré ça jusqu’à la Coupe d’Europe et après ça a été plus compliqué. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Peut-être un petit excès de confiance. »
L’équipe paraissait toutefois plus forte que celle de l’an passé, non ?
« Pour moi, c’est l’équipe où on avait l’alignement le plus complet. Par contre, on a manqué de joueurs dominants. On avait 8 défenseurs, presque 4 blocs devant et 2 bons gardiens. À la sortie, on a juste manqué de patrons. Autant l’an passé, je pense qu’Angers était meilleur et on a gagné, autant cette année, je pense qu’on était meilleur et on a perdu... »
La perte du titre marque-t-elle la fin d’un cycle ?
« Tout à fait. On arrive au bout d’un cycle, il faut travailler, renouveler. Quand tu as des joueurs qui ont déjà gagné 4 ou 5 fois de suite ici, ils ont forcément moins faim que des gars comme ceux de Briançon qui n’avaient jamais gagné. Il faut arriver à avoir des joueurs qui ont envie de succès et qui ne sont pas blasés mais ne pas tout remettre en cause pour autant. On termine tout de même 1er en saison régulière et on fait un gros match contre Donetsk... Il y avait de la qualité. Ça ne s’est juste pas très bien goupillé. »
Ne pas tout remettre en cause, c’est par exemple conserver Rodolphe Garnier...
« Rodolphe, il a gagné quatre fois de suite. Ça n’est pas parce qu’il n’a pas gagné cette année que je ne vais pas le garder. Par contre, il est vrai que la saison prochaine, il va avoir un peu plus la pression. Après, moi je pense qu’il a fait le boulot l’an passé et à partir de là, je ne change pas d’entraîneur. »
« RÉDUIRE
LA VOILURE POUR NE PAS SE METTRE EN DANGER »
Que faut-il changer alors ?
« Il faut reconstruire un petit peu. On va essayer de trouver des mecs pas très connus, comme l’étaient Desrosiers ou Doucet à leur arrivée, mais qui seront bien dans notre championnat. »
Avoir un budget en baisse, est-ce compatible avec l’ambition d’être champion ?
« Aujourd’hui, le problème, c’est qu’on est obligé de le baisser dans le sens où, économiquement, tout est plus compliqué. Au niveau des collectivités comme du sponsoring. On arrive à tenir mais il faut réduire un peu la voilure pour ne pas se mettre en danger. L’année dernière, c’est sans doute une des équipes qui nous a coûté le plus cher depuis que je suis président. Or, quand on voit l’état du sport à Rouen avec le foot, le rugby ou le volley, on s’aperçoit que ça n’est pas facile. Moi, je n’ai pas envie, j’en ai trop souffert joueur, de commencer à faire attendre les joueurs au niveau salaire parce qu’on a fait venir la cavalerie. Ces dernières années, on a mené plein de projets de front et cela a entamé notre trésorerie. Là, il faut reconstituer un peu les fonds. C’est pour ça qu’on veut réduire un peu la masse salariale tout en restant compétitif. »
Comment inverser cela ?
« A terme, pour moi, ce sont les clubs qui formeront le mieux qui s’en sortiront le mieux. D’autant qu’avec la règle des dix joueurs formés en France, on est obligé d’accélérer au niveau de la formation et c’est pour ça qu’on a pris Ari Salo, quelqu’un qui a une bonne expérience à ce niveau. Par ailleurs, l’argent public devenant rare, il faut trouver d’autres recettes. À nous de faire qu’il y ait un spectacle à la patinoire pour générer du trafic. »
Ce spectacle, ce sont des animations autour du match ?
« Oui, on va investir au niveau de l’avant match. L’idée est de mettre des paillettes à tout ça. Ça va passer par des investissements sur la lumière, le son, les jeux... On n’est pas aux Etats-Unis mais on va essayer de faire un produit un peu plus sexy. »
Ne pas être sacré l’année où renaît la Champions Hockey League, à laquelle le champion de France est invité, n’est ce pas frustrant ?
« Pour tout dire, y participer cette année aurait peut-être été un cadeau empoisonné. Avoir plus de matches à disputer, cela signifie des risques financiers à prendre pour durcir l’effectif. Je pense que cette année n’est pas forcément la bonne pour nous car on est dans la reconstruction d’un cycle. Ne pas faire la CHL nous permet d’être plus tranquilles, de ne pas nous précipiter. Après, ne vous inquiétez pas, on essayera de la faire l’année prochaine et l’année d’après. »
Comment le RHE peut-il évoluer ?
« Il évoluera avec l’outil. Il faut le faire évoluer pour aller chercher plus de recettes annexes et faire des équipes plus compétitives. Normalement, en fin de saison prochaine, les travaux d’agrandissement de la patinoire devraient débuter. Une partie aura lieu pendant l’été et le reste pendant la saison. Pour le début de la saison 2016, l’outil devrait être fini. Aujourd’hui, en termes de spectateurs ou de loges, on est au bout du système. L’évolution passe par là. »
Pas par une nouvelle patinoire ?
« Soyons réaliste, dans le contexte actuel, il n’y a plus d’argent public pour un équipement à 30 millions. Après, avec ce qu’on a aujourd’hui, si on peut le relooker, le customiser, on doit pouvoir exister. Si on peut avoir un peu plus de réceptif et 300 à 400 places en plus, c’est ce dont
on a besoin. À nous ensuite de l’exploiter. »
PROPOS RECUEILLIS PAR
MATTHIAS ROGIER
m.rogier@presse-normande.com
Un peu plus de deux mois après leur élimination en demi-finale des play-offs, les Dragons de Rouen ont à peine entamé leur mue. Outre la confirmation des présences de Benoît, Lampérier, Desrosiers et Manavian, tous sous contrat pour un an encore, et les resignatures de Faure, Janil et Guillemain, le Rouen Hockey Elite n’a en effet accueilli pour l’instant que les renforts de deux attaquants, Leveillé et Lacroix. Pour l’heure, l’effectif rouennais ne compte que 9 membres. Loin, très loin des 20 à 25 joueurs qu’il comportera au final. Sa constitution devrait toutefois rapidement s’accélérer.
« J’attends la réunion de dimanche (demain) à la fédération avec les autres présidents de club pour confirmer les nouvelles règles au niveau des gardiens et des étrangers, confie Thierry Chaix. À partir du moment où la règle sera débloquée, on va avancer. C’est quand même important de savoir si on a droit à 4 étrangers ou plus. On travaille. On a quelques idées. Après, à partir du moment où on doit faire avec un peu moins argent, il était important de déjà boucler nos dix joueurs français et, ensuite, d’essayer de faire des bons coups. » La venue de Florian Hardy, le gardien d’Angers, en serait un très bon. « Il n’y a rien de fait mais on ne serait pas contre le fait qu’il vienne
chez nous, avoue le président. On verra. » Cela confirme en tout cas que Fabrice Lhenry est appelé à devenir numéro 2.
Hardy pisté ?
« On a un accord de principe pour qu’il reste en tant que numéro 2. On voulait absolument le garder dans le staff. Au début, comme c’est un vrai compétiteur, il a eu du mal à accepter qu’on prenne un numéro 1 mais, en rediscutant, il s’est dit que, finalement, le projet l’intéressait. Il sait qu’il est appelé à moins jouer mais, en parallèle, l’une de ses missions, sera de faire progresser les jeunes Aubrun et Papillon. » L’incertitude autour de Lhenry levée, reste celles autour du duo Thinel - Guénette. « Dans les jours qui viennent, on va leur faire une proposition. Ce sont des joueurs qui ont un statut et un niveau de salaire et il était important de construire avant pour regarder si on était capable de leur faire une proposition décente. Si on leur dit, on veut vous garder mais on baisse vos salaires de moitié, c’est se foutre d’eux. Le but, c’est arriver à préserver leur niveau de vie tout en sachant qu’obligatoirement leur salaire sera revu à la baisse. » Cela ne devrait a priori pas les empêcher de poursuivre l’aventure. Une aventure dont Thillet, Gutierrez et, surtout, Rech, eux, ne feront pas partie. «Anthony pense qu’il a besoin de plus de responsabilités. Il a envie de jouer sur power-play et il pense que ça passe par le fait d’aller voir ailleurs. Peut-être aussi était-il au bout d’un truc avec Rodolphe. Je comprends. On aurait aimé le garder mais lui estime avoir besoin d’un autre projet. Pour nous, c’est juste un peu con qu’il parte ailleurs. » Cela n’empêchera toutefois pas le club d’être toujours aussi ambitieux...